samedi 3 mars 2012

Oslo, 31 août de Joachim Trier : la dernière journée d'un condamné à mort

Oslo, 31 août Joachim Trier filme avec délicatesse, la dernière ballade d'un jeune homme étranger au bonheur, qui mettra fin à ses jours en même temps qu'une nouvelle journée commencera, sans lui.



Oslo, 31 août Oslo, 31 août est librement adapté du roman, Le Feu Follet de Drieu La Rochelle, dont Louis Malle signa une première version en 1963. Dans celle de Joachim Trier, Oslo a remplacé Versailles, mais reste à son image, ville lumière. Le réalisateur profite du film pour faire une déclaration d'amour à la capitale norvégienne. Amour qui transpire dès la première scène, à travers les témoignages d'Osloïtes. C'est elle qui apporte le son et la lumière dans des scènes qui tranchent avec celles tournées dans l'hôpital psychiatrique, blanc et silencieux. Oslo devient ville sacrée, car tombeau d'Anders. Ce sont les adieux du personnage à la ville, que Trier filme dans Oslo, 31 août. Ville parfaite pour passer une dernière journée sur terre et parler une dernière fois à ses proches.

Oslo, 31 aoûtOslo, 31 août est la dernière journée d'un condamné à mort, le trajet d'un homme allergique au bonheur, qui regarde les autres vivre et doit s'injecter de l'héroïne dans la chair pour pouvoir ressentir la même chose qu'eux. Le personnage d'Anders avait tout à sa disposition pour être heureux, un talent pour l'écriture, une famille aisée, aimante et tolérante, des amis dévoués et une femme à aimer. Il va, dans un dernier sursaut essayer de s'en sortir. « Clean » depuis deux ans, il s'accroche, assiste à un entretien d'embauche qui tourne mal, essaie de se faire pardonner de sa sœur, et de son ex, qui ne veulent ni le voir, ni l'entendre. Il va se laisser couler, comme il l'a fait dans la scène d'ouverture du film, sauf que cette fois il ne remontera pas.

Oslo, 31 aoûtLe long-métrage aborde avec pertinence et sobriété, la mélancolie, cette maladie meurtrière, qu'aucun traitement ne peut guérir. Anders Danielsen Lie interprète, avec justesse, cet homme atteint de ce mal incurable, désemparé par le manque de sincérité qui l'entoure, par l'uniformisation de la société et des sentiments. Le réalisateur dénoue l'histoire tout en douceur, et offre un final tragiquement poétique dans lequel Anders égrene tout ce que ses parents lui ont appris tout au long de sa vie, en même temps qu'il y met un terme.

Par Camille Esnault

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