Alexis Lloyd, avec 30 Beats construit une galerie de rencontres tournant, toutes, autour du désir. La réflexion est menée intelligemment, dans un long-métrage qui manque parfois de « passion ».

Un été de canicule, un loft new-yorkais, une jeune vierge ruisselante de sueur qui s'offre à un homme expérimenté, tout ça sur fond de musique soul. Voilà le premier contact du spectateur avec
30 Beats, sorte de chaîne sexuelle dont ces deux personnages sont les premiers maillons.
30 Beats est une allusion à une valse à trente temps, un rythme qui dépasse les individus. Les dix personnages représentés, allant du livreur en passant par la voyante ou le kinésithérapeute, jusqu'à la prostituée de luxe, sont les pions de cette ritournelle qui s'emballe quelques fois, à travers la description de partie à trois, ou encore de pratiques sado-masochistes, mais reste dans l'ensemble très retenue. Elle est surtout le médium par lequel sera développée la réflexion autour du plaisir, de l'écoute du corps, des sentiments ou de la monogamie. Toutes les relations humaines tournent autour du sexe, mais pourtant les corps dénudés se font rares, tout comme l'acte sexuel en lui-même, qui n'est jamais montré.

La forme du film, cette collection de portraits, est incontestablement ce qui en fait sa force. Inspiré directement de
La Ronde de
Max Ophüls, les êtres y apparaissent reliés les uns aux autres par leur désir et leur corps. C'est par une main qui effleure le visage d'une femme, une lèvre qui embrasse le coup d'un homme, que l'on passera d'un récit à un autre. Même si ces derniers se révèlent inégaux, certains sont peu vraisemblables, comme celui de la femme à la cicatrice qui s'offre à un livreur qu'elle vient de rencontrer, l'idée proposée est toujours la même, le désir dirige les relations sociales. C'est lui qui provoquera la rencontre entre un diplomate et une actrice ou qui libèrera une jeune femme du complexe suscité par la cicatrice, qui défigure son corps. C'est par le désir que les personnages font connaissance les uns avec les autres et c'est autour de lui que s'établissent des lois sociales strictes, comme celle du «
plan cul », qui interdit, entre autres, de tomber amoureux.
30 Beats souffre un peu de ce côté démonstration. La réflexion développée est intéressante et faite de manière assez fine, notamment par l'absence de scènes de sexe, qui n'auraient pas aidé à la compréhension. Mais le long-métrage tombe alors dans le travers inverse, il n'y a pas d'emportement passionnel, d'excitation des sens. Le spectateur est attentif au propos explicatif, comme un élève l'est devant une leçon. 30 Beats parle de désir sans en faire ressentir les emportements.
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