samedi 3 mars 2012

En Terrains connus, nous sommes perdus

En terrains connus En Terrains connus est un ovni tout droit débarqué du Québec. Entre satire sociale et comédie grotesque, on ne sait trop où placer le deuxième film de Stéphane Lafleur, qui nous laisse seuls face à nos interrogations.

En terrains connusStéphane Lafleur commence son long-métrage, par une lente observation du quotidien d'un frère (Benoît) et de sa sœur (Maryse). Lui, vit encore avec son père et se fait rejeter par la femme qu'il aime. Elle, est établie avec Alain, fan de vélo, à qui elle n'arrive plus à parler. Plusieurs accidents vont venir bouleverser ce quotidien, notamment la perte d'un bras, d'un des employés de l'usine dans laquelle travaille Maryse, qui obsèdera cette dernière et lui ouvrira les yeux sur sa vie morne et ennuyeuse. Le plus gros bouleversement sera causé par une homme venu du futur, annonçant à Benoît, la mort imminente de sa sœur dans un accident de la route.

Le frère bon à rien, prendra alors, pour la première fois de sa vie, une vraie décision, en accompagnant sa sœur dans le voyage qui devrait lui être fatal. On assiste, pendant ce «road-trip» aux moments les plus pertinents du long-métrage, développant la relation d'un frère et d'une sœur dont les liens se sont distendus au fil des années, et qui se retrouvent car ils sont aussi perdus l'un que l'autre. Malheureusement, la réflexion est proposée bien tard dans le film, et n'a pas le temps de trouver la place qu'elle mérite. L'attention est d'avantage portée sur des gestes anodins, tels que l'ouverture d'une bouteille de vin ou le démarrage difficile d'un scooter des neiges, qui donnent lieu à des situations au grand potentiel comique.

En terrains connusC'est sur le grotesque présent dans chaque situation du quotidien que Stéphane Lafleur assoie son film. Il accumule les scènes qui semblent de simples moments de vie, qu'il transforme en tableaux parfois surréalistes. On peut citer la discussion qui prend place entre Benoît et l'homme d'un futur très proche, puisqu'il vient «de septembre prochain» et peut seulement prédire qu'ils auront un «bon été». Chaque situation est empreinte de ce second degré et fait du film un objet non identifiable, entre chronique sociale amère et comédie grotesque. Le tout donne ce mélange indéfinissable, servi par des comédiens, Fanny Mallette et Francis La Haye, tout à fait justes dans leur rôle pourtant pas très défini et une bande originale tout droit sortie des années 80. On en ressort un peu perplexe, se demandant ce que le réalisateur a réellement voulu faire avec En Terrains connus.

Par Camille Esnault

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