samedi 31 mars 2012

Normal : Merzak Allouache face à la censure

Normal ! Normal ! ose, en parlant de la censure algérienne, de l'émancipation des femmes, du sexe, des frustrations physiques et intellectuels. Mais cette insolence est gâchée par une image javellisée, un jeu d'acteurs approximatif et une construction narrative assez faible.

Normal ! Merzak Allouache est le réalisateur du célèbre Chouchou. Ce film aux 4 millions d'entrées n'est pas tout à fait représentatif de sa filmographie, plus tournée vers les problèmes de la société algérienne, la liberté d'expression, ou le pouvoir des images et des médias. Il y revient avec Normal ! à travers le trajet de jeunes artistes, confrontés à la censure et à l'autocensure, qui, à l'occasion du printemps arabe, en janvier 2011, réfléchiront sur la possibilité d'une Algérie démocratique et progressiste. L'entreprise du réalisateur est tout à fait louable, il souhaite faire entendre la voix d'une jeunesse algérienne créative, qui fourmille d'idées et que l'État bâillonne.

Normal !Mais le film de Merzak Allouache est à l'image de celui tourné par Fouzi, le personnage principal, bancal et inachevé. L'intrigue s'articule entre la fiction du film de Fouzi tourné en 2009 pendant le festival Panafricain, dont on voit quelques images, et la discussion entre comédiens, réalisateur et scénariste, à propos de la censure, de la société algérienne ou encore des révolutions arabes. Les débats menés entre les jeunes gens, qui occupent la majeure partie du long-métrage, sont approximatifs et parasités par des histoire de jalousie, des arrivées tardives de personnages qui saluent tous les autres comédiens un par un, des commentaires, qui sont autant de parasites dans la communication.

Normal !L'image naturelle, sans filtre, donne un côté enquête qui ne marche pas avec l'ensemble du long-métrage, porté par des prestations d'acteurs pas très convaincantes. L'effet « film dans le film » crée un ensemble bancale, reconnu par l'ensemble des personnages, concernant le film de Fouzi. On ne voit pas très bien l'intérêt des intrigues avortées dans le film de ce dernier, qui ne trouvent pas écho dans le deuxième récit. On comprend vite que Fouzi n'est finalement qu'un avatar de Merzak Allouache lui-même et l'histoire de son film, celui de Normal! Allouache a, comme Fouzi commencé à tourner en 2009 une histoire qui n'a plus trop à voir avec les événements de 2011 et essaie pourtant tant bien que mal de le raccorder à ces derniers. Merzak Allouache semble pourtant avoir un très bon sens de l'autocritique, puisque il met dans la bouche des personnages tous les défauts de son film, mais va jusqu'au bout. La forme du documentaire aurait convenu d'avantage à ce débat des plus pertinent dans la société d'aujourd'hui, et aurait donné de la force à l'ensemble, qui en manque grandement à travers la fiction.

Par Camille Esnault

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