samedi 31 mars 2012

La Vida ùtil de Federico Veiroj ou Orson Welles déifié

La Vida útilAvec La Vida ùtil, le réalisateur Federico Veiroj, témoigne de son amour pour le cinéma et de sa grande érudition. Malheureusement, son film tombe vite dans la simple démonstration à cause d'une mise en scène assez austère, voire hermétique.

La Vida útilLa «Vida ùtil» peut se définir comme la durée estimée dont peut se prévaloir un objet, en s'acquittant correctement de la fonction pour laquelle il a été crée. Pour Jorge, le personnage principal, cette vie utile aura duré 25 ans, les 25 années qu'il a passé en tant qu'employé à la cinémathèque uruguayenne. Mais les abonnements se font de plus en plus rares et cette cinémathèque à qui il a dédié sa vie, doit fermer à cause de graves difficultés financières. C'est le public qui est clairement montré comme responsable de la chute d'un lieu qui promeut un «cinéma de qualité ». Federico Veiroj construit son film sur cette dichotomie entre cinéma de qualité, celui des Orson Welles, De Oliveira et Von Stroheim et un mauvais cinéma. Jorge, devra alors, à cause de ce peuple ignorant, se trouver un autre but dans la vie, une autre utilité. Son errance à travers la ville, offrira un très bon moment, lorsqu'il se fera passer pour un professeur remplaçant et débitera, devant des étudiants en droit, un discours sur le mensonge, écrit par Mark Twain.

La Vida útilLe film de Veiroj prend la forme d'une démonstration, de son talent de réalisateur, surtout de ses grandes connaissances cinématographiques. Démonstration, à travers une accumulation de scènes conjoncturelles, dans lesquelles les employés de la cinémathèque choisissent la programmation et accumulent les noms de réalisateurs «de qualité», ou à travers le long discours du directeur de la cinémathèque, véritable cours de cinéma, sur le cadre, le montage, un peu abscons pour les non connaisseurs. Il construit ainsi un film élitiste, excluant tous ceux qui ne maitrisent pas forcément ce cinéma de qualité et crée un clan de savants opposé à celui des ignorants. Le propos et la mise en scène, assez austère, avec des dialogues rares et seulement triviaux, le noir et blanc, les plans fixes, un rythme très lent et des acteurs qui récitent leur texte, contribuent à la mise en place d'une œuvre hermétique, assez difficile d'accès.

Par Camille Esnault

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