La gifle Bullhead
(5,00)

Bullhead ne vous laisse pas indifférent, il surprend, émeut, bouleverse. Le film commence comme un polar situé dans le milieu agraire. Jacky Vanmarsenille est un gros costaud, chargé d'intimider les clients qui mettent des bâtons dans les roues au trafic d'hormones qu'il mène avec son oncle et un vétérinaire sans scrupules. Le film change rapidement d'orientation et devient bien plus intéressant, quand le vétérinaire propose de voir plus grand et de s'associer avec le plus puissant trafiquant de Flandre. La rencontre est chargée d'une tension palpable, que l'on ne comprendra que plus tard, le réalisateur ménageant le suspense avec subtilité. Le polar centré sur des histoires de trafic d'influence, d'assassinat de policier, devient drame humain, lorsqu'il réunit deux amis d'enfance, qui partagent un lourd secret, après 20 ans de séparation. Cette intensité sera présente dans toutes les scènes qui réuniront les deux personnages, dont on sent la force du lien qui les unit, sans pourtant qu'aucun mot ne soit prononcé.

Bullhead, regorge de personnages secondaires tout aussi intéressants et finement dépeints dans des situations au réel potentiel comique, notamment les scènes avec les deux garagistes Wallons, qui s'intègrent parfaitement à l'économie générale du film. Le long-métrage mélange le tragique et le grotesque pour évoquer la virilité, la question de la force du destin, portée par des acteurs au jeu puissant, et une mise en scène rythmée et subtile. Bullhead (tête de bœuf) reste dans la tête, et surtout dans les tripes et donne envie de suivre de près Michaël R.Roskam, le scénariste et réalisateur, dont c'est le premier long-métrage.
Par Camille Esnault
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