Avec Noces, Philippe Béziat enlève toute âme à la partition d' Igor Stravinsky, en offrant une description pédagogique et rébarbative.

Pendant la guerre 1914-18, le compositeur Igor Stravinsky, s'installe en Suisse, et demande à l'écrivain Charles Ferdinand Ramuz, de traduire en Français la cantate-ballet
Les Noces. C'est cette cantate, que Philippe Béziat porte à l'écran. Plutôt, la mise en place d'une représentation de
Noces, avec la préparation des chanteurs et des musiciens. Le film est rythmé par la lecture de
Dominique Reymond, (
Bus Palladium) de
Souvenirs sur Igor Stravinsky, sorte d'ode au compositeur écrit par
Ramuz. Les mots de Ramuz, viennent rythmer le long métrage et lui apportent une couleur assez mélancolique qui se marie parfaitement à la musique aux tonalités slaves.

Mais si les mots de Ramuz assurent un rythme au film, la mise en place de la représentation n'en n'a aucun. Le temps semble bien long devant cette description pédagogique d'un spectacle musical. Philippe Béziat essaie de nous expliquer la musique, au lieu de nous la faire ressentir. Cette explication laborieuse est appuyée par des plans aux fonds bleus sur lesquels se décrochent les inserts de certains instruments, de mouvements de mains ou alors de bouches qui s'animent. A ces montages vulgaires, presque « tchip », s'ajoutent des montages associant dans un même plan des partitions de musique à des étendues de verdure, ou des murs de briques. Le message que veut nous transmettre le réalisateur est celui d'une musique « organique », en d'autres termes vivante. Il y a alors un immense écart entre les volontés de Philippe Béziat et ce qu'il arrive réellement à faire. Son film, qui profite pourtant d'une musique très puissante, perd le spectateur dans des illustrations qui semblent tout droit tirées de manuels scolaires.

La représentation finale, ce vers quoi tend tout le film, tombe à plat et finit de nous assommer. On se retrouve devant un décor plus que minimaliste, digne de kermesses d'école (on y revient), et on se demande ce qu'il nous arrive. On ressent pourtant, chez Philippe Béziat un amour de l'art sous toutes ses formes, aussi bien la littérature, le théâtre, la musique que le cinéma, à travers la présence des musiciens et des chanteurs bien-sûr, et également de l'actrice et de la vidéaste qui filme les répétitions. Malheureusement sa façon de se placer en professeur, qu'il n'est pas, fait de son film une œuvre froide et rébarbative.
Par Camille Esnault
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire