jeudi 9 février 2012

Fleurs du mal

David Dusa nous offre un premier long-métrage qui tourne un peu en rond et qui trouve sa principale force dans les images Internet.

Fleurs du malDrôle de titre pour un film qui nous plonge dans un univers cybernétique, presque futuriste, où l'écran de cinéma se fait écran d'ordinateur sur lequel les images se confondent, celles des pages facebook et twitter, des embouteillages du périph parisien et des manifestations Iraniennes, à Téhéran en juin 2009. On est bien loin du noble support papier sur lequel est imprimé l'œuvre majeure de Baudelaire. Justement dans Fleurs du Mal, aucune différence n'est faite entre les images tirées d'internet, souvent tournées par des téléphones portables, et celles tournées par David Dusa. Dès la première scène, les embouteillages de Téhéran se superposent à ceux de la porte de Bagnolet. Les images s'entremêlent, se confondent les unes avec les autres, comme le font l' histoire des deux héros, qui se déroule à Paris, et celle des Iraniens, à Téhéran. Sauf qu'en Iran, les jeunes meurent sous les balles des forces de police envoyées par Mahmoud Ahmadinejad, président du pays, dont le peuple conteste la réélection, alors qu'à Paris Anahita, alias Miss_Dalloway et Rachid, alias Gecko, apprennent à s'aimer.

Fleurs du malPourtant ces deux histoires qui semblent opposées, autant géographiquement qu'idéologiquement, ne cessent d'être rappelées l'une à l'autre, à travers une réflexion sur la liberté. Celle des jeunes qui se battent pour l'obtenir en Iran, Celle d'Anahita qui a laissé ses amis là-bas pour être libre de continuer à vivre et celle de Rachid, Parisien,sans aucune attache, même filiale, puisque son père est mort et sa mère absente, qui est libre de danser comme il lui plaît dans les rues et les couloirs de métro de la capitale. Ce que l'on comprend rapidement, c'est que ne sont pas libres ceux que l'on croit. Anahita bien que physiquement à Paris, reste au côté de ses amis de Téhéran, traquée par le régime Iranien. Rachid lui, est enfermé dans sa solitude et, comme le périphérique parisien sous ses fenêtres, tourne en rond.

Fleurs du malC'est cette réflexion sur la liberté à l'heure d'Internet et de l'éclatement des réseaux sociaux, qui parcourt tout le film. On comprend très vite où le réalisateur veut nous emmener, appuyant un peu trop sur la métaphore, notamment avec la scène qui nous montre Anahita, se regardant dans la glace, couverte de son propre sang, mais qui représente surtout celui de ses compatriotes qui combattent pour sa propre liberté. Message porté par des acteurs hésitants, Alice Belaïdi (Anahita), tout en retenue, qui donne l'impression de se concentrer d'avantage sur son accent que sur la puissance de son jeu et Rachid Youcef (Gecko) qui communique bien mieux les sentiments du personnage par la danse que par son jeu d'acteur. Le point fort se trouve surtout dans les images internet, introduites dans le corps du film, d'Iraniens qui se battent, souffrent, meurent, mais qui malgré tout essaient de continuer à vivre et à danser. On assiste ainsi à de très jolies scènes comme celle qui montre en montage parallèle, les deux héros assistant à un concert, et une Iranienne qui danse seule au bord de la mer. David Dusa, s'est peut-être un peu laissé piéger par la force des images qu'il a choisies, qui captent toute l'émotion, et n'en laissent que très peu à celles qu'il a tournées.

Par Camille Esnault

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...