Une Chronique familiale qui aborde du point de vue des enfants, des thèmes aussi sérieux que la violence conjugale, l'abandon ou l'hérédité.

Nic, 12 ans et sa famille partent passer des vacances dans un camping sous le soleil de Toscane. Le voyage commence mal, puisque le jeune garçon et son frère arrivent seuls avec leur père Vincenzo, et sont rejoints plus tard par leur mère, Adriana, que sa propre mère au téléphone déconseille de descendre du train. Même si le cadre est idyllique, on ressent comme une chape de plomb, peser sur les premières minutes du film. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un menace cette tranquillité. On comprend vite, que c'est le père qui va renverser la situation. Un père violent qui frappe sa femme parce qu'elle propose de payer pour le camping ou le repas et qui terrifie son plus jeune fils Agostino, qui ne peut s'empêcher de se faire pipi dessus la nuit.

Tout le film de
Rolando Colla est construit sur le fil du rasoir. Le réalisateur aborde des thèmes dramatiques comme la violence conjugale à travers la famille de Nic, mais également les secrets, à travers celle de Marie qui ne sait pas où est son père, de façon toujours très lente et délicate. On assiste à des scènes inquiétantes dans lesquelles les enfants se livrent à des jeux de plus en plus tendancieux et dangereux, jusqu'au meurtre d'un chien. Mais ces dernières sont intégrées au quotidien et filmées de façon à ce qu'on ne sente le malaise s 'installer que très progressivement.

Rolando Colla réussit à construire un drame familial en développant de façon toujours très pertinente des thèmes qui pourraient tenter de se laisser aller à de grands emportements. Mais il résiste à la tentation et réussit à construire des portraits de famille non manichéens. Vincenzo n'est pas un monstre et sera lavé de ses péchés, dans une des scènes finales qui montre sa victime lui passant de l'eau dans le dos, tout comme ne l'est pas la mère de Marie qui lui cache la vérité sur la mort de son père, par culpabilité. Il réussit également à montrer que l'enfance n'est pas le plus bel âge de la vie, à travers cinq enfants loin d'être insouciants, qui cherchent à tout prix à ressentir quelque chose, pour ne pas devenir comme leurs parents. La tension monte petit à petit, tout en douceur, jusqu'à l'affrontement entre Nic et son père, qui prisonnier de sables mouvants, ne pourra cette fois pas compter sur son fils. Et surtout jusqu'à la très jolie scène finale dans laquelle apparaissent pour la première fois les larmes de Nic, declenchées par la douceur de l'amour que lui offre la jeune Marie. Le long-métrage de Rolando Colla se termine sur la possibilité d'un avenir différent pour les enfants dont l'interprétation brillante, nous laisse, nous aussi, entrevoir cet espoir.
Par Camille Esnault
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