
Le portrait que vous faites du travail quotidien des enseignants est très juste. Sachant que le scénariste Carl Lund a enseigné dans le public, avez-vous enquêté auprès d'enseignants ou d'élèves ?

L'interview d'Adrien Brody, qui parcourt le film, est-elle pensée comme une continuité de ces confessions ?

Pourquoi, avoir choisi la fiction pour votre film Detachment et non le documentaire, comme vous l'aviez fait pour parler de l'avortement dans Lake of fire?
Je voulais faire quelque chose sur l'avortement. J'ai voulu parler de l'avortement, parce que j'en ai vécu un en tant qu'homme. J'étais avec une fille qui est tombée enceinte et qui a voulu se faire avorter. Je ne le voulais pas moi, mais elle souhaitait le faire, donc je l'ai accompagnée. Ensuite, quand j'ai emménagé aux États-Unis, la question de l'avortement était un gros problème. On en parlait tous les jours dans les journaux, des cliniques se faisaient attaquer, ce genre de choses, et j'ai pensé : « il faut que je fasse un film là-dessus, parce que j'ai une expérience, je l'ai vécu ». Je voulais enquêter et je voulais trouver ce qu'était vraiment l'avortement, donc j'ai essayé de penser à une histoire ou quelque chose, mais je ne pouvais penser à rien qui pouvait exprimer l'espèce de « plateforme massive » que représentait le sujet. Aucune histoire n'aurait pu tout englober. C'est pourquoi j'ai décidé de faire un documentaire et pour être honnête, je ne savais même pas ce qu'était un documentaire. J'ai juste pensé qu'il y avait cette chose dont je devais parler et j'ai commencé à tourner, vous savez quand vous tournez ces plans et que vous découvrez ce que vous allez faire au fur et à mesure que vous filmez, sans avoir vraiment rien programmé. Mais une idée que j'avais, c'était que le film allait être impartial, qu'il allait être séparé en deux, que j'allais me montrer aussi enthousiaste pour les « pour » que pour les « contre ». Ce n'est pas que je sois particulièrement pour l'avortement, mais je suis pour le choix et contre cette absence de choix.
Vous avez réussi à construire un film très réaliste, mais certaines personnes pourraient dire qu'il est plus pessimiste que réaliste. Quelle est votre vision du métier d'enseignant ou de la vie en général ?

Vous avez dit dans de précédentes interviews, que vous étiez intéressé par les questions morales et sociales dans vos films. American History X traitait de la question du racisme, Detachment de celle de l'éducation. Est-ce que dans votre esprit, American History X a déteint sur Detachment ? Ne sentez-vous pas que finalement les deux films traitent du même sujet ?
Les deux abordent en effet des questions sociales. Mais je ne pourrais pas dire qu'il y ait vraiment une connexion entre les deux films. Bien-sûr, les projets dans lesquels je m'implique sont toujours plus ou moins connectés, mais je ne peux pas vous dire de quelle façon, précisément. La connexion est que je me suis beaucoup impliqué dans les deux projets.
Vous abordez souvent des sujets assez lourds, le racisme, l'avortement... Avez-vous besoin comme Henry Barthes de ce « détachement »?
Oui, bien-sûr! Tout le monde doit se détacher de lui-même pour pouvoir regarder la situation de plus haut, la commenter et ainsi la dépasser.
Dans Detachment, la musique est très présente. Pensez-vous que les images ont moins de pouvoir sans musique ?
Je pense beaucoup à la musique. Je veux dire les sons. Je ne pense pas que ce soit simplement la musique. Je pense à la musique en terme de son, aussi bien la musique, que les voix des acteurs, les effets sonores, les chansons. C'est dans cet ensemble que réside la musique. Le son, pour moi, est en réalité, la partie la plus importante du film. C'est grâce à lui que l'on peut sentir la pièce. Vous savez le visuel est une chose plutôt simple, mais le son, lui, doit flotter.
Vous avez également inclus des dessins que vous avez, vous-même réalisés. Quel sont exactement leurs rôles ?

Vous développez de nombreuses thématiques dans votre film. Que souhaitez-vous que le spectateur retienne?

Avez-vous d'autres projets ? Peut-être avec Adrien Brody ?
Ah! Avec Adrien ! Oui, nous parlons de beaucoup de choses. On a encore rien concrétisé vraiment, mais nous parlons.
Par Camille Esnault (02/02/2012 à 10h23)
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