jeudi 19 janvier 2012

Sortie DVD Les Biens-aimés ou ma rencontre avec Louis Garrel

Avec Les Bien-aimés, Christophe Honoré signe un nouveau film musical sur l'amour et la liberté. Il nous bouleverse avec cette épopée moderne qui pourrait avoir pour morale une des répliques finales de Catherine Deneuve, « La liberté c'est la pire offense à l'amour. »


Les actrices de l'année 2011 - Les Bien-Aimés - Ludivine SagnierLes Bien-aimés commence comme un film de Jacques Demy. Madeleine ( Ludivine Sagnier) est vendeuse de chaussures dans un Paris des années soixante, aux couleurs pastelles et aux chansons guillerettes, qui, au hasard d'une rencontre, devient prostituée occasionnelle pour pouvoir s'offrir autant de Roger Vivier qu'elle le désire. C'est sur les trottoirs de la ville qu'elle réussit à se dégoter un médecin tchèque ( Rasha Bukvic), qui la met enceinte, en fait une femme honorable, et l'emmène direction Prague. L'invasion de la ville par les Russes, ainsi que l'infidélité de son mari pousseront Madeleine à fuir avec sa fille, Véra. Bien loin des chars soviétiques, la jeune fille grandit à Paris, avec sa mère et son beau-père, dans un milieu tout ce qu'il y' a de plus respectable. On quitte les années 60-70 de Madeleine en escarpin, pour retrouver Véra ( Chiara Mastroianni) chaussée de bottines en cuir, dans les années 1997-2001. les époques et les lieux changent, mais les problèmes restent les mêmes. L'inconstance de la mère, qui n'arrive pas à se défaire du pouvoir sexuel, disons-le, qu'exerce sur elle son ex-mari tchèque, se retrouve chez la fille, qui se jette sur un inconnu (Henderson) et se donne occasionnellement à Clément ( Louis Garrel), un ami et collègue.


Les Bien-AimésLe film, qui semble, au premier abord, être une simple histoire de « sexe entre amis », de liberté dans le sentiment et l'acte amoureux, se révèle au final, être une fable tragique sur la solitude et l'amour non partagé. La légèreté de ton, créée par les chansons d' Alex Beaupain, quelque fois mélancoliques, mais rarement tragiques, n'est qu'apparente. Car le film prend sa réelle dimension tragique avec l'arrière plan historique, l'invasion des Russes en 1978, l'arrivée du sida dans les années 90, et l'attentat du 11 septembre 2001. Si ce dernier est toujours un peu lointain, il fait partie intégrante du drame qui se noue, puisque la tragédie atteint son climax en même temps que l'histoire moderne atteint le sien, le 11 septembre 2001.


En mettant en parallèle la vie d'une fille et celle de sa mère, Christophe Honoré nous permet de jeter un œil sur le désenchantement de la génération des années 2000, pour qui l'insouciance est devenue fatale. Il construit une, ou plutôt plusieurs, histoires d'amour bouleversantes, grâce au jeu parfait d'une Chiara Mastroianni qui oscille toujours entre une grande force et une fragilité enfantine, et celui de Louis Garrel, excellent dans les scènes de colère.


Le meilleur de l'année 2011 - Les Bien-Aimés - Catherine Deneuve, Chiara MastroianniLes bonus sont, quant à eux, décevants, car trop peu nombreux. Nous n'avons le droit qu'à la bande annonce et à deux scènes coupées, toutes les deux chantées. On apprécie tout de même la première, qui nous permet d'admirer encore une fois le jeu torturé de Louis Garrel. On l'aurait encore plus aimée, commentée par Christophe Honorée, car elle met en relief un défaut du film, la construction un peu bancale du personnage de Clément et de sa relation avec Véra. Cette scène aurait permis de mieux développer le lien qui l'unit à elle. La deuxième, qui montre le personnage d'Henderson ( Paul Schneider) et son amant, n'a pas grand intérêt.


Disponible chez France Télévision Distribution.



Par Camille Esnault (18/01/2012 à 16h20)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...